le coin des mamans

La pré-éclampsie

Je voulais vous parler d’une maladie de la grossesse que l’on ne connait pas encore très bien et qui dans mon cas a été totalement négligée. Pour cela je vais dans un premier temps vous présenter les fondamentaux de la maladie (vous pourrez approfondir sur le site de l’Inserm sur lequel je me suis appuyé si vous le désirez) et je parlerais ensuite de mon expérience personnelle.

La pré-éclampsie est une pathologie de la grossesse qui représente 5% des grossesses ou environ 40000 cas par an. Elle est associée à une  hypertension artérielle et à l’apparition de protéines dans les urines. Si elle est bien prise en charge, la plupart des patientes accouchent d’un bébé en bonne santé et se rétablissent rapidement. Toutefois, non traité, ce syndrome entraîne de nombreuses complications qui peuvent conduire au décès de la mère et/ou de l’enfant.

Au jour d’aujourd’hui, on ne connaît pas les causes de cette maladie même si on a identifié quelques facteurs de risques, il n’y a donc aucun moyen de la prévoir ni l’éviter. Ce que l’on sait est que c’est un dysfonctionnement du placenta, qu’elle est responsable d’un tiers des naissances de grands prématurés en France, et que dans 10% des cas, le pronostic vital de la mère et du fœtus est engagé (2ème cause de décès maternel avec 20 décès par an). Cette hypertension se produit au plus tôt après la 20ème semaine de grossesse et peut survenir après l’accouchement. Elle est également la cause majeure d’un retard de croissance intra-utérin.

Dans la plupart des cas, un traitement peut aider à réduire l’hypertension et à prolonger la grossesse sans risques. Cependant, dans 1 cas sur 10 une forme sévère survient et le seul traitement est de retirer le placenta et donc le fœtus qu’il soit viable ou non.

Facteurs de risques:

  • antécédents de pré-éclampsie
  • grossesse multiple
  • première grossesse
  • hypertension chronique, pathologie rénale ou diabète
  • IMC supérieur à 30
  • âge de la mère supérieur à 40 ans ou inférieur à 18 ans
  • antécédents familiaux de pré-éclampsie
  • syndrome des ovaires polykystiques
  • maladie auto immune
  • changement de partenaire sexuel après grossesse précédente ou insuffisance à l’exposition au sperme de son partenaire (utilisation du préservatif)

Ce qui doit vous alerter:

  • pression artérielle supérieure à 14,9
  • concentration de protéines dans les urines supérieure à 300 mg sur 24 heures
  • céphalées violentes
  • troubles visuels (hypersensibilité à la lumière, “mouches”, tâches ou brillances devant les yeux)
  • acouphènes
  • douleurs abdominales
  • vomissements
  • diminution ou arrêt des urines
  • œdèmes massifs qui apparaissent avec une prise de poids brutales (plusieurs kilos en quelques jours)

En avril 2013, je suis tombée enceinte dès le premier cycle d’essai. Nous avions commencé les essais 3 mois avant le mariage pour être sûr que je rentre dans ma robe de mariée même si je ne pensais vraiment pas que ça marche tout de suite. Comme quoi on a bien fait!

Le premier trimestre s’est super bien passé. Zéro fatigue, zéro nausées, perte de 3 kilos et nous avons appris que c’était une fille dès ma 2ème échographie à 2 mois de grossesse (je choisis toujours des obstétriciens qui ont un échographe dans leur cabinet pour avoir une écho à chaque visite). Notre fille était apparemment petite mais le gynécologue disait que mon mari et moi n’étions pas très grands donc c’était normal.

Pour le deuxième trimestre, j’ai changé de gynécologue car il a eu des soucis avec son cabinet. C’est à ce moment que la grossesse s’est dégradée. J’ai été prise de vomissements le jour même de notre mariage pour la première fois de la grossesse. On m’a dit que c’était normal avec le stress du mariage. Sauf que ça a duré tout le trimestre et que c’était plusieurs fois par jour et que c’est devenu jaune comme de la bile. Il a aussi trouvé un “petit” retard de croissance pour notre fille. Ce n’est pas le même gynécologue mais la même excuse. En revanche, à l’échographie obligatoire du 2ème trimestre, le médecin me dit que c’est un retard de croissance très important et qu’à ce terme de la grossesse la génétique des parents n’entre pas en compte. Sur ces conseils j’en parle à mon gynécologue qui me dit que ce médecin utilise des moyennes plus sévères que lui. Plus tard dans la consultation, il me prend la tension et trouve plus de 14 de tension. Il m’a informé que c’était un peu élevé et donc à surveiller mais je n’ai pas eu de suivi particulier par la suite. c’est allé de pire en pire. Je prenais des bains en pleine nuit car c’était le seul moyen de soulager mon mal de dos, j’étais extrêmement fatigué, je vomissais tout le temps et n’avais plus envie de rien. Mon mari est parti en déplacement pour la semaine et je l’ai appelé pour lui dire que je me sentais faible. Il m’a dit qu’à son retour nous irions aux urgences si ça n’allait pas mieux.

Le jeudi matin au réveil je me suis dis que ça ne pouvait pas attendre le lendemain soir mais je n’ai même pas eu la force de traverser la route pour aller voir le médecin. J’ai donc décidé de contacter la PMI pour demander à ce qu’une sage femme vienne à la maison si c’était possible. Je lui ai surtout parlé de mon mal de dos car c’est ça qui me faisait le plus souffrir à ce moment là. Elle m’a donné une liste de kinés, elle m’a parlé de cours de préparation à l’accouchement, de mon désir d’allaiter, et a commencé à préparer ses affaires pour partir. Au moment de se lever, elle m’a demandé si je voulais bien faire une bandelette urinaire tant qu’elle était là. C’est à ce moment précis qu’elle a pris la décision qui allait nous sauver la vie à Lena et moi.

Je me souviendrais toute ma vie de sa réaction en voyant les couleurs des petits carrés qui changent. Elle avait une tété très inquiète et a répété plusieurs fois que ça n’allait pas. J’était face à elle, j’ai compris que quelque chose n’allait pas mais quoi? Tous allait bien, mon suivi de grossesse était bon, mon bébé allait bien, alors quoi? Elle m’a fait m’allonger, m’a pris ma tension qui a passé les 19, elle a mesuré mon utérus qui était beaucoup trop petit (ah bon ça fait parti du suivi? on ne me l’avait jamais fait). Puis elle a sortie la pire phrase que j’ai eu à entendre “Madame vous allez préparer un sac pour vous rendre à l’hôpital, prenez de quoi vous occuper car vous allez rester jusqu’à l’accouchement… mais ça ne va pas être dans très longtemps”. Comment ça pas longtemps? Je suis à ce moment là à 27 semaines! même pas 6 mois!


Là tout va très vite Samu arrive, on me perfuse immédiatement et je pars avec eux. J’arrive à Robert Debré cet hôpital pour enfant merveilleux avec ces professionnels exceptionnels que je n’oublierais jamais. On me fait une injection de corticoïdes pour aider les poumons de ma fille à se développer et lui laisser une chance de survivre. Il faut tenir au moins 48 heures afin que le bébé puisse en avoir le maximum de bénéfices. Dans un premier temps mes prises de sangs se sont aussi améliorées. En effet, j’ai de fréquentes analyses de sang car j’ai l’une des complications redoutées qui est le syndrome HELLP (voir en bas de l’article). Mais le dimanche le médecin entre dans la chambre et m’annonce “Madame on va descendre au bloc parce que là on a joué mais on vous perd”. Pour une fois mon mari était resté à la maison pour se reposé, on était confiant. Il arrive et on croise les doigts il n’y a que ça à faire.

Léna est née à 27 semaines et 6 jours, elle fait 31cm et 740 g. C’est une force de la nature qui a fait 3 mois d’hospitalisation et aujourd’hui se porte comme un charme. C’est une petite fille comme les autres sauf qu’elle a déjà appris que la vie est fragile mais que si on se bat pour elle alors on sort vainqueur.

Tout ça a été très difficile mais heureusement j’ai un mari exceptionnel qui a été là à chaque instant, sans relâche et avec une force hors du commun pour ma fille et moi. Il m’a porté à bout de bras, il n’a jamais flanché.

Cet article n’est pas là pour faire peur aux femmes enceintes mais juste pour vous dire attention les médecins peuvent passer à côté de certaines choses, faites vous confiance et n’aillez pas peur de vous rendre aux urgences ou chez le médecin à la moindre alerte. les professionnels sont là pour ça et il vaut mieux passer pour une casse pied que rester chez soi et qu’une catastrophe arrive.

Le syndrome de HELLP: augmentation de la destruction des globules rouges dans le foie, élévation des enzymes hépatiques liée à une diminution du nombre de plaquettes sanguines qui entraîne un risque accru d’hémorragie.

3 réflexions au sujet de “La pré-éclampsie”

  1. quel parcours mais oui ta fille va bien et ton petit bout dchou aussi mais trop d ignorances encore aujourd hui conduisent a des drames.merci pour ton temoignage!!

    1. Eh Oui! Ignorance des médecins qui ne s’actualisent pas assez? Habitude des médecin à gérer tellement de cas qui se passent bien qu’ils passent à côté de certaines choses? Je ne saurais répondre mais ce que je sais est que ça n’aurait jamais dû nous arriver.
      Merci pour ton message

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