le coin des mamans

La fausse couche, ce tabou qui fait souffrir

Après Léna, nous avions décidé de ne pas avoir d’autre enfant. La peur de revivre la prématurité, la peur que Léna porte de lourdes séquelles… Puis l’hospitalisation s’est terminée, et son état était très encourageant. Nous avons donc décidé d’attendre ses 6 ans pour lui donner un petit frère ou une petite sœur. En effet, le suivi de la prématurité s’effectue sur minimum 6 ans si tout va bien. Enfin, un peu avant ses 2 ans, étant donné qu’elle n’avait aucune séquelle et que sa croissance avait même déjà été rattrapée, nous avons décidé qu’il était temps de faire un bébé.

Comme pour Léna, je suis tombée enceinte dès le premier cycle d’essai. Nous avons appris la grossesse durant nos vacances et nous étions heureux. A notre retour de vacances, j’ai pris rendez-vous avez un gynécologue. Nous avions déménagé et je ne le connaissais pas encore. Nous avons pu dater la grossesse à 3 semaines et je suis sorti de son cabinet rassurée et confiante. Un peu moins d’un mois après, j’ai pris un rendez-vous avec lui en urgence car j’avais perdu du sang. Il m’a d’abord expliqué qu’il ne fallait pas m’inquiéter car il est courant de perdre du sang au début de la grossesse. Ensuite il a fait une échographie. Il a conclu que tout allait bien et qu’on ne voyait pas son petit cœur battre ce qui était normal à 3 semaines de grossesse. A ces mots, j’ai compris que ça n’allait pas du tout. Ma grossesse c’était surement arrêté au moment de mon premier rendez-vous et il n’avait pas regardé mon dossier avant mon arrivée pour s’en rendre compte. J’ai donc dû lui dire que j’étais à 1 mois et demi. Il m’a pris de haut en me disant que je ne devais pas me fier à la date de mes dernières règles. Je lui ai expliqué que c’était lui un mois avant qui avait daté la grossesse. Il est allé voir mon dossier et est revenu avec un air penaud. Il m’a prescrit 2 prises de sang pour vérifier si mon taux de HCG baissait. Un seul aura suffit à voir qu’il n’y avait plus rien… Il m’a donc donner rendez-vous pour une aspiration.

Je lui en ai beaucoup voulu de la façon dont ce rendez-vous c’était passé. S’il avait regardé mon dossier à mon arrivé, il ne m’aurait jamais rassuré en me disant que tout allait bien. On m’a aussi dit qu’avant mon aspiration il aurait pu essayer d’évacuer le fœtus par traitement médicamenteux. Au lieu de ça, je me suis retrouvé allongé dans un lit avec 2 autres femmes qui contrairement à moi étaient accompagnées et étaient joyeuses car elles ne subissaient pas la même chose que moi. Ensuite, je me suis retrouvée dans un blog froid et on m’a endormi pour la première fois. Je me suis réveillée le ventre vide et toujours aussi seule. Je ne peux pas dire que mon mari ne m’ait pas soutenu, il a fait de son mieux mais nous n’avons pas vécu les choses de la même manière. Je pense que les hommes commencent à se sentir père en voyant le ventre s’arrondir, en le sentant bouger ou même certains doivent attendre la naissance. Nous c’est différent, on le porte et on s’y attache dès qu’on apprend la grossesse. J’avais perdu un bébé quand il disait que nous avions perdu un fœtus sans conscience. Pour moi c’était injuste de vivre ça après l’épreuve que nous avions déjà vécue. Pour lui c’était mieux ainsi car c’était simplement que ce fœtus ne pouvait pas vivre ou qu’il aurait surement été lourdement handicapé. Je ne dis pas qu’il avait tort au contraire mais en tant que maman quand ça arrive on ne peut pas raisonner comme ça.

Aujourd’hui encore j’y pense chaque année à la période où il a été conçu ou à celle où il aurait dû naître. Je me demande si c’était un garçon ou une fille, s’il aurait ressemblé à son papa ou sa maman… Ce qui a été compliqué également c’est qu’une de mes amies été enceinte en même temps que moi. Son fils me rappelait le bébé que j’avais perdu. Je ressentais d’autant plus une injustice que 2 ans avant nous étions déjà enceinte en même temps avec même pas une semaine d’écart et que sa fille était née à terme par voie basse quand j’avais due subir une césarienne en urgence 3 mois avant. C’est peut être idiot comme réaction mais je pense que tout le monde aurait ressenti la même chose à ma place. Même si j’y pense encore, ce n’est plus avec douleur. La naissance de Samuel m’a bien aidée à guérir cette blessure. Il est tellement merveilleux! Si cette grossesse était allé à terme, je n’aurait jamais eu Samuel et ça aurait vraiment été dommage.

La fausse couche est encore tabou aujourd’hui et elle reste souvent un secret enfoui si la grossesse n’avait pas déjà été annoncée. C’est dommage car je pense qu’en parler est important dans le processus de guérison. Même si vous dialogué avec votre compagnon, le fait qu’il ne vive pas la chose comme vous peut être un frein. N’hésitez pas à mon confier à une personne de confiance ou un professionnel si vous ne désirez vraiment pas en parler à vos proches. Je serais moi aussi à votre écoute si vous voulez m’en parler. Il est parfois plus facile de se confier à une personne qui est passé par les mêmes épreuves.

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